L’appel de Benoit Ayotte contre le piégeage des animaux à fourrure

Une première au Québec

Tout le contenu de cet article a été créé par Benoit Ayotte du Clan des loups d’Amérique du Nord (CLAN). Moi, Sorin Ionescu, j’ai assuré la mise en page du site et la traduction anglaise. Je soutiens l’appel et vous encourage à prendre des mesures immédiates et à partager l’information aussi largement que possible.

Vous avez jusqu’au 31 décembre pour faire part de vos commentaires.

Le sort réservé aux animaux de la forêt québécoise vous tient à cœur? Vous avez enfin la chance de vous exprimer auprès du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).

En effet, le gouvernement invite la population à s’exprimer sur l’avenir de la faune du Québec dans ce sondage.

Veuillez lire les euphémismes suivants AVANT de remplir le sondage.

Les euphémismes largement utilisés par le MFFP et autres intervenants :

  • Les chasseurs et les piégeurs ont récolté. (Les chasseurs et les piégeurs ont tué)
  • Les intervenants du milieu faunique (Les chasseurs, les piégeurs et autres utilisateurs qui tuent la faune)
  • Promotion des activités fauniques (Promotion de la chasse et du piégeage)
  • Mise en valeur des ressources fauniques (Rentabiliser la chasse et le piégeage)
  • Valorisation de la faune par l’alimentation (Élargir l’offre et l’accessibilité du gibier)
  • Acceptabilité sociale (Faire accepter la chasse et le piégeage comme un sport et un loisir)
  • Accès à la ressource (Facilité l’accès à la pratique de la chasse et du piégeage, être plus perméable envers l’acquisition des armes à feu)
  • Attraction de la relève (Assurer l’avenir et le maintien de la chasse et du piégeage)

L’euphémisme consiste à atténuer le sens d’un énoncé en remplaçant un mot ou une expression par un autre mot moins fort. Le but est d’atténuer les effets d’une idée déplaisante, d’en cacher le caractère désagréable. Cette figure de style est fortement utilisée dans les discours politiques afin de ne pas déplaire ou choquer.

Nous vous encourageons à envoyer au ministre Pierre Dufour cette lettre modèle pour interdire le piégeage dans les réserves fauniques du Québec.

Rappelons que l’État demeure le seul fiduciaire de notre patrimoine faunique car légalement cet héritage inestimable ne peut appartenir à quiconque. Notre richesse collective repose donc essentiellement sur la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune (L.R.Q., chapitre C-61.1). Cette loi est également gérée par le MFFP
À l’égard de la faune, le ministère affirme que ses responsabilités fondamentales sont :

  • de conserver et de mettre en valeur cette ressource naturelle renouvelable pour le bénéfice des générations actuelles et futures;
  • de maintenir l’accessibilité à la faune et aux activités qui lui sont associées.

Voir ci-dessous pour plus d’information sur le piégeage et la chasse au Québec.

De ces responsabilités découle toute l'offre des activités de chasse et de piégeage au Québec.

Saviez-vous qu’au Québec, il y a 39 espèces qui peuvent être chassées et 19 espèces qui peuvent être piégées (Voir listes ci-dessous). Orignaux, ours, cerfs, loups, bernaches, marmottes et corneilles, tout y passe. Chaque année, plus de 250,000 animaux de 58 espèces différentes sont tuées, victimes des balles, des flèches, des pièges et des collets. Par ailleurs, la chasse et le piégeage ne sont pas un quelconque privilège mais bien un DROIT. Il est grand temps de réagir face à ces tueries structurées, endossées et subventionnées qui font des centaines de milliers de morts annuellement.
Défendre tous ces sans voix, qui année après année, demeurent les innocentes victimes de ce système archaïque exige une participation citoyenne forte et engagée. Vos commentaires sont essentiels afin refléter les valeurs actuelles qu’entretient la population envers la faune et les animaux sauvages du Québec.
Veuillez diffuser largement cette information. Tous à vos claviers pour faire part au MFFP de vos opinions sur cet enjeu majeur.

Bien que timide, cette opportunité n’en demeure pas moins d’une grande importance même si la population n’a droit qu’à une infime participation comparée aux organismes dédiés aux activités de chasse et de piégeage. D’ailleurs, ces consultations qui leurs sont exclusivement réservées depuis des décennies regroupent autour d’une même table :

  • Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs
  • Fédération des pourvoiries du Québec,
  • Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec
  • Fédération québécoise pour le saumon atlantique
  • Zecs Québec
  • Société des établissements de plein air du Québec
  • Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador
  • Fondation de la faune du Québec

Cette tablée privée joue un rôle majeur à titre de comité aviseur auprès du MFFP. Elle conseille directement le ministre sur les dossiers qui ont une incidence directe ou indirecte sur l’avenir, le maintien et le développement de la chasse et du piégeage. Elle propose également des priorités d’action favorable à leurs membres respectifs, en plus d’avoir un droit de regard et de recommandations sur les dossiers d’exploitation et de règlementation à venir. Sa structure ne compte que des chasseurs, trappeurs, pêcheurs, pourvoyeurs et autres exploiteurs de la faune.

À ce jour, ces groupes d’intérêt qui siègent à ces rencontres ne sont, ni viables ni autonomes financièrement. Ils subsistent grâce aux largesses de l’État, qui leur octroie régulièrement de généreuses subventions.

C’est-à-dire qu’une partie de vos taxes et de vos impôts sert à financer la chasse et le piégeage au Québec.

Pourtant selon la législation en vigueur, la faune sauvage demeure un patrimoine collectif qui appartient à tous les Québécois, l’État n’y est que le fiduciaire. Malgré tout, le MFFP continue, à ce jour, de privilégier la seule vision de cette table minoritaire en ce qui concerne la gestion de notre bien collectif. Soulignons que seuls, les exploitants de la faune et les groupes qui les représentent peuvent siéger à ces rencontres privées.
En résumé, toutes les questions concernant les activités de chasse et de piégeage passent invariablement par des consultations privées. Les objectifs visés par ces consultations exclusives demeurent principalement :

  • La règlementation et l’exploitation de faune
  • Le maintien, la promotion et le développement de la chasse et du piégeage
  • Accroître et assurer la relève

Ces rencontres avec des lobbyistes de la faune confirment les liens privilégiés de partenariat avec le ministre en poste. À la suite de ces rassemblements, le ministère poursuit son étroite collaboration avec les grandes fédérations en élaborant les politiques d’exploitation et de règlementation à venir. Ainsi, ils s’assurent de faire avancer leurs propres intérêts. Une nouvelle fois, le développement, la promotion et la relève en matière de chasse et de piégeage se retrouvent dans ces discussions.

Rappelons que cette table qui représente une infime partie de la population du Québec, possède un accès direct au ministre en plus d’avoir un droit de regard et de recommandations sur les orientations, sur les politiques et sur les diverses règlementations à venir.

Quelques faits sur l’exploitation de la faune au Québec

Le piégeage

  • Le piégeage de 19 espèces animales est autorisé sur 1 500 000 km2, soit plus de 98% du territoire québécois
  • En 1984, le Québec levait l’interdiction de piéger dans les réserves fauniques, cédant ainsi aux pressions du puissant lobby des 21 000 trappeurs de l’époque. Depuis ce temps, le nombre de piégeurs a chuté de 62 % ; actuellement, ils représentent qu’un très mince 0,11 % de la population totale de la province
  • Le privilège passéiste de piéger dans les réserves fauniques du Québec fut accordé dans un contexte social, culturel et économique fort différent de celui dans lequel nous évoluons aujourd’hui. Interdire le piégeage dans les réserves fauniques, c’est assurer un meilleur avenir pour les animaux sauvages du Québec
  • Chaque année entre 6 000 et 8 000 piégeurs tuent plus de 200 000 animaux sauvages
  • Des fonctionnaires à l’emploi du MFFP (Biologistes, techniciens de la faune et agents de protection) détiennent «à vie» des territoires de piégeage «à droit exclusif» dans les réserves fauniques. Le trappeur, qu’il soit employé de l’État ou non, se démarque du chasseur car le produit de son activité lui procure des revenus. Donc, un fonctionnaire pourrait être exposé à des situations où l’intérêt personnel risquerait d’être préféré à l’intérêt public.
  • Pour le MFFP, une espèce est protégée car sa  »gestion » est encadrée par une saison d’exploitation et par diverses règlementations.

Liste des 18 espèces piégées au Québec

  • Belette
  • Pékan
  • Martre
  • Vison
  • Rat musqué
  • Castor
  • Loutre
  • Lynx du Canada
  • Lynx roux
  • Coyote
  • Renard roux
  • Renard argenté
  • Renard blanc
  • Renard croisé
  • Loup
  • Moufette
  • Écureuil
  • Raton Laveur
  • Ours noir

La chasse

Les chasseurs du Québec sont très bien représentés par de fortes structures comme la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs. Une puissante organisation qui regroupe des milliers de membres actifs répartie sur l’ensemble du territoire québécois. En plus de plaider pour leur droit, ce groupe milite avec ardeur afin d’abolir le registre des armes à feu et d’en faciliter l’acquisition et l’accès à la relève.
Au Québec, le bilan provisoire pour 2018 seulement se lit comme suit, les chasseurs ont tué :

  • 19 696 orignaux
  • 53 517 cerfs de Virginie
  • 5716 ours noir, plus 797 tués par les piégeurs
  • Des milliers d’oiseaux migrateurs (canards, bernaches, oies)
  • Des milliers de lièvres, de perdrix, de tétras, de gélinottes, de marmottes et de corneilles
  • Les loups, les renards, les coyotes, les ratons laveur et autres sont également chassés légalement au Québec
  • Que dire des centaines, voir des milliers d’animaux laissés pour compte dans les statistiques, blessés et criblés de balles ou de flèches qui agonisent dans de grandes souffrances

Enfin, après avoir obtenu le droit de tuer les bécasses et les tourterelles, des chasseurs bataillent maintenant pour obtenir le droit d’abattre les écureuils. Comme quoi, tirer sur 39 espèces différentes pour assouvir son plaisir de chasser n’est toujours pas satisfaisant.

Liste des 39 espèces chassées au Québec

Voilà ce n’est qu’un bref aperçu de la situation qui prévaut actuellement dans les forêts du Québec. C’est à vous, c’est à nous de réagir pour que cette exploitation étroite de la faune puisse enfin évoluer et ainsi s’harmoniser avec les valeurs actuelles.